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Allemagne: le Bassin Houiller de la Sarre


Le bassin houiller de la Sarre fait partie du gisement sarro-lorrain qui affleure vers Neunkirchen, puis s'enfonce vers le sud-ouest en direction de la Lorraine. Les premières traces de l'exploitation du charbon en Sarre datent de la fin du 14ème siècle ; le charbon était alors extrait dans des mines à flanc de coteau puis à l'aide de puits verticaux. La production a connu un essor rapide dans la deuxième moitié du 19ème siècle, mais la crise du charbon en 1957 engendra une concentration et une rationalisation des activités minières. En 1995, les charbonnages de Camphausen et Reden furent intégrés à la mine Est à Göttelborn, équipée du chevalement le plus haut du monde, mais cette dernière fut contrainte de fermer dès 2000. Après l'arrêt de la mine Warndt en 2005, le dernier charbonnage encore exploité dans la région fut la mine Saar à Ensdorf, fermée le 30 juin 2012.
Aujourd'hui, la Sarre est encore fortement marquée par les vestiges de l'exploitation du charbon ; en effet, contrairement à ce qui se passe en France, après fermeture, les carreaux de mine ne sont pas systématiquement rasés, mais peuvent bénéficier d'une reconversion économique et culturelle, comme à Göttelborn et Reden grâce au travail de l'IndustrieKultur Saar (IKS).
Je remercie Peter R. et Hendrik D. (RAG Montan Immobilien) pour m'avoir facilité l'accès à certains sites.

Grube Camphausen / Fischbach

Le fonçage des puits Fischbach I et II débute en 1871. En 1874, un troisième puits est foncé. La même année, la mine prend le nom du Ministre des Finances Prussien Otto Camphausen. En 1908, le puits IV est foncé. Par manque de place, il sera surmonté d'une tour en béton armé haute de 40 mètres au lieu d'un chevalement métallique. Construite en 1911, c'est la première tour de ce type dans le monde. Le 1er janvier 1990, la mine perd son indépendance et est rattachée à la mine Reden pour former la mine Reden-Camphausen. Le dernier charbon sera remonté en novembre 1990.
La plupart des installations dont le lavoir ont été démantelées. La tour d'extraction du puits IV ainsi que le grand chevalement métallique du puits II construit en 1962 ont toutefois été conservés.


Grube Dilsburg / Heusweiler

L'histoire de la mine débute en 1844 ; le charbon était alors extrait par des galeries à flanc de coteau. En 1911/12 un puits est foncé et la mine est desservie par une voie ferrée. En 1927, un lavoir à charbon est construit. La production est alors de 210 000 tonnes par an pour un effectif de 1 400 mineurs. En raison de la crise économique mondiale, l'extraction du charbon cesse le 26 juin 1931. Les installations ne seront détruites progressivement que dans les années 60. En 1966, le puits est remis en service pour la mine d'Ensdorf puis pour la mine de Göttelborn jusqu'en 2000.
Le chevalement, construit en 1977, s'élève toujours au-dessus d'une petite zone industrielle. Il s'agit du seul chevalement de ce type conservé dans la Sarre.


Schachtanlage Gegenort / Bauershaus-Neunkirchen

L'exploitation minière débute ici en 1883. Le puits était rattaché à la mine de Reden et fut utilisé pour le transport du personnel et du matériel jusqu'en 1993. Le chevalement, construit en 1900 par la société Seibert, équipait à l'origine le puits III de la mine Frankenholz à Höchen. Il fut déplacé à Gegenort en 1960. Il est le deuxième chevalement le plus ancien encore visible dans la Sarre (après celui du puits III de la mine d'Itzenplitz).


Grube Göttelborn / Göttelborn-Quierschied

Voir le reportage sur cette mine :Grube Göttelborn


Grube Itzenplitz / Heiligenwald

Dans le cadre de l'expansion de la mine de Reden, et pour améliorer le transport dans la vallée, un nouveau tunnel est percé à Heiligenwald. En 1860, le puits I est foncé ; la même année une ligne de chemin de fer relie les 2 mines. En 1864, la mine prend le nom du du ministre du Commerce de Prusse, le comte Heinrich Friedrich von Itzenplitz. Le puits II est foncé en 1872 jusqu'au même étage que la mine de Reden. En 1886, c'est au tour du puits III d'être foncé ; son chevalement, construit par la société Eduard Böcking de Neunkirchen, est aujourd'hui le plus ancien de la Sarre, même s'il fut modernisé en 1944 par la firme B. Seibert de Saarbrücken. Un lavoir à charbon est construit en 1894-95. En 1950, le puits II est équipé d'un nouveau chevalement. Chaque jour, 1200 personnes travaillaient à la mine d'Itzenplitz. En 1958, la mine devient un siège auxiliaire de la mine de Reden. La production de charbon cesse définitivement en 1960, mais les puits resteront utilisés pour la descente du personnel et du matériel jusque dans les années 90.
Une grande partie des installations ont été démolies, cependant il subsiste aujourd'hui les puits II et III, avec chevalements et machines d'extraction, ainsi que le bâtiment des bains-douches datant de 1910. Ces vestiges seront conservés au titre du patrimoine industriel de la Sarre.


Recette et machine d'extraction du puits II

Le puits II est équipé d'une machine d'extraction AEG - Dingler de 1956. Elle est composée d'une poulie Koepe monocâble entraînée par un moteur électrique de 1000 kW.



Machine d'extraction du puits III

La machine d'extraction du puits III fut construite en 1944 par la firme SSW. Elle est composée d'une poulie Koepe monocâble entraînée par un petit moteur électrique de 300 kW.


Grube König / Neunkirchen

C'est par une galerie à flanc de coteau que débute l'exploitation du charbon dans ce secteur en 1821. La mine fut nommée 'Grube König' suite à la visite du roi de Prusse Friedrich Wilhelm III en juin de la même année. La galerie principale prit le nom de 'tunnel Friedrich-Wilhelm'. En 1844 le fonçage d'un puits d'extraction est lancé ; il sera nommé en 1949 'puits Wilhelm I'. Le puits Wilhelm II est foncé en 1854. Le tunnel Friedrich-Wilhelm est abandonné en mars 1855, après 34 ans de service. Trois autres puits seront ensuite foncés : Follenius (1867), Mehlpfuhl (1868-1887) et Wilhelm III (1870). Il seront suivis par les puits Hermine I et II (1890), Wilhelm IV (1893), Minna, Sinnerthal (1897-1898) et Hermine III (1929).
Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la mine König est modernisée. A la fermeture de la mine Heinitz le 1er janvier 1964, les mines König et Dechen sont fusionnées. En 1967, la production est de 1,15 million de tonnes de charbon pour 1889 mineurs. Le 31 mars 1968, la mine König est fermée, les réserves de charbon encore en place seront exploitées depuis la mine Reden. En 1970, le chevalement du puits Wilhelm II est tranféré à la mine de Luisenthal. Il ne reste aujourd'hui que le chevalement du puits Wilhelm I, conservé au milieu d'une zone industrielle.


Grube Luisenthal / Luisenthal, Klarenthal, Burbach

La mine a été créée en 1899 comme extension de la mine Gerhard. La production de charbon a commencé en 1906 ; en 1992, le site a fusionné avec la mine Warndt pour devenir la mine Warndt/Luisenthal. La production de charbon sur le site de Luisenthal s'acheva en 1994, mais les puits furent encore utilisés pour le transport de matériaux et des mineurs. Mi-2005, la mine Warndt/Luisenthal fut fermée, cependant les puits Richard I et II sont maintenus ouverts pour la récupération du méthane. A Klarenthal se trouve le chevalement du puits Delbrück II, contruit en 1908 par la firme Charron de Metz et modifié en 1939 puis 1992. Ce puits était destiné à l'aérage de la mine de Luisenthal. A Burbach, le puits Alsbach fut aussi utilisé pour l'aérage. Son chevalement date de 1916 et fut modifié en 1953 . La plus grave catastrophe minière en Sarre (299 mineurs y trouvèrent la mort) se produisit en 1962 au puits Alsbach.


Carreau des puits Richard I/II : extérieurs


Carreau des puits Richard I/II : machines d'extraction

Le puits Richard I est équipé d'une machine d'extraction à poulie Koepe monocâble construite par AEG - Dingler en 1944. Elle était à l'origine installée au puits Allenfeld de la mine König et fut transférée au puits Richard I en 1957. Le puits Richard II possède 2 machines d'extraction Alsthom à poulie Koepe monocâble entraînée par un moteur électrique de 3128 kW. La machine 'est' fut construite en 1958/1959 (non photographiée) ; la machine 'ouest' en 1952.


Carreau des puits Richard I/II : bâtiment des mineurs (vestiaires-douches-lampisterie)


Puits Dellbrück II


Puits Alsbach


Grube Maybach, Schachtanlage Erkershöhe / Friedrichsthal

Le siège Erkershöhe à Friedrichsthal a compté jusqu'à 4 puits, foncés entre 1872 et 1885. Les puits Erkeshöhe I et II ont été initialement utilisés comme puits d'extraction. Plus tard, ils deviennent des puits d'aérage et de pompage pour la mine Maybach. De 1956 à 1958, ils sont reliés au 7ème étage de la mine Reden. En 1964, la mine de Maybach est fermée et ses installations serviront encore jusqu'en 1981 pour le transport du personnel et du matériel. Les réserves de charbon sont alors exploitées par la mine Reden.
Le chevalement du puits II, construit en 1950 par la firme B. Seibert de Saarbrücken, a été conservé. Il était à l'origine installé sur le puits Frieda de la mine Maybach, et déplacé en 1961. Le puits II est équipé d'une petite machine d'extraction Fournier-Mouillon de 1949/1960.


Schachtanlage Merlebach-Nord / St. Nikolaus

Bien que situé sur le territoire allemand, le puits Merlebach-Nord fut foncé par les Houillères de Bassin de Lorraine (HBL) à partir de fin 1948. Il atteindra la profondeur de 1069 mètres. Puits de service et d'aérage pour l'Unité d'Exploitation Merlebach, il est équipé d'un chevalement de 1949 construit par Barbier Bernard Turenne, identique à celui du puits Saint-Charles 4. Le puits fut abandonné en 2003/2004.
Le chevalement, le bâtiment de recette et des machines ont été conservés mais la machine d'extraction Alsthom a été fortement vandalisée. Aujourd'hui le site accueille une centrale photovoltaïque.


Grube Reden / Landsweiler-Reden

Le puits Reden I est foncé en 1846 ; il était rattaché à la mine Heinitz. En 1850, la mine Reden devient indépendante et le puits II est foncé. Elle porte le nom du ministre prussien de la mine Friedrich Wilhelm von Reden. En 1856, le troisième puits est foncé. La même année, un nouveau siège d'extraction est ouvert à Heiligenwald, la mine Itzenplitz. Le puits III devient le puits principal d'extraction. Les puits IV et V sont foncés respectivement en 1887 et 1914.
Après la Première Guerre Mondiale, la mine, passée sous contrôle français, est gérée par les Mines Domaniales du Bassin de la Sarre. Les installations sont modernisées les années suivantes ; la production s'industrialise et augmente. En 1935, la mine est reprise par le Reich allemand. Après la Seconde Guerre Mondiale, la mine de Reden est une des plus moderne d'Allemagne. Mi-1950, 8 200 employés y travaillent. En 1995, les mines de Camphausen (déjà fermée), Reden et Göttelborn sont fusionnées pour former la mine Est (Göttelborn-Reden). La production est alors concentrée sur le siège de Göttelborn. Elle cessera définitivement le 1er septembre 2000.
Après la fermeture de la mine Est, les puits IV et V furent encore utilisés pour l'exhaure. En 2013, le siège de Reden (classé au titre du patrimoine industriel de la Sarre) est en cours de rénovation. Les chevalements des puits IV et V ont été rénovés et seront conservés.
Le chevalement du puits IV fut construit en 1939 par la firme B. Seibert de Saarbrücken. Sa machine d'extraction de 2500 kW fut constuite par les firmes AEG-EPR en 1986/1991. Le chevalement du puits V fut également construit par la firme B. Seibert en 1949. Il est équipé de 2 machines d'extraction : une machine à vapeur EPR de 1941 pour le compartiment 'est' et une machine électrique de 4200 kW EPR-AEG de 1982 pour le compartiment 'ouest'.


Bergwerk Saar / Ensdorf, Schwalbach, Lebach, Riegelsberg

Voir le reportage sur cette mine :Bergwerk Saar


Grube Velsen / Großrosseln

Cette mine, qui porte le nom de l'ingénieur des mines Gustav von Velsen, a été ouverte en 1872 et fermée dans les années 1960, lors de la fusion avec la mine Warndt à Karlsbrunn. Fin 1994 débuta sur le site la construction d'une usine d'incinération de déchets. Les bâtiments présents sur le carreau de la mine de Velsen sont encore dans leur état d'origine comme le 'Zechenhaus' d'architecture typiquement prussienne (1908-1911) et le chevalement du puits Gustav II (1915, renforcé en 1936). La machine d'extraction 'ouest' construite par la firme Dingler de Zweibrücken en 1916, est l'une des plus anciennes machines à vapeur du secteur sarrois ; elle est encore en état de fonctionnement.


Machine d'extraction à vapeur du compartiment 'ouest'



Grube Viktoria / Püttlingen

L'histoire la mine Viktoria commença par le fonçage du premier puits en 1866 (Victoria I), puis le second en 1881 (Victoria II). Un peu plus au nord, à Engelfangen, fut foncé en 1902 le puits Viktoria III, relié par un tunnel de 1250m au carreau Viktoria I/II. La mine Viktoria était desservie par une voie ferrée de 6 km pour le transport du charbon jusqu'à Völklingen. L'extraction du charbon a cessé en 1963 et la mine a été fermée définitivement en 1972.
Début 2013, le puits Viktoria II est encore utilisé pour l'exhaure. Il est toujours équipé de son chevalement Seibert de 1943 et de sa superbe machine d'extraction BBC-Dingler de 1938 en parfait état de fonctionnement. A Engelfangen (puits Viktoria III), le bâtiment administratif de la mine a été conservé. Edifié en 1905, il comporte deux ailes reliées par une partie centrale surmontée d'un joli clocheton. On peut également voir le bâtiment de la machine d'extraction et l'entrée de la galerie Viktoria.


Puits Viktoria I/II


Puits Viktoria III


Grube Von der Heidt / Saarbrücken

L'histoire de cette mine débute en 1849 par l'ouverture d'une galerie à flanc de coteau. Elle porte le nom de l'ancien ministre du commerce de Prusse August Freiherr von der Heydt (1801-1874). Après 1855, les premiers puits sont ouverts (puits Kirchheck et Steinbach). En 1885, le puits Amelung I est foncé (Amelung I) ; d'autres puits seront ensuite foncés (Amelung II, Neuhaus, Pasteur...). La même année, la production est de 700 000 tonnes de charbon avec 2 777 mineurs. En raison de la crise économique, les puits Amelung et Steinbach sont fermés en 1932 ; la mine Von der Heydt perd alors son indépendance. Certains puits désaffectés sont remis en service après la Seconde Guerre Mondiale. En 1951, les puits Amelung deviennent des puits d'aérage pour la mine Viktoria à Püttlingen, jusqu'en 1963. La mine est définitivement fermée en 1965, les puits sont remblayés, les galeries obturées et les installations de surface démantelées.
Il ne reste aujourd'hui aucun vestige industriel important. Toutefois, on peut encore admirer la cité minière et notamment les deux anciens dortoirs. A noter la superbe entrée de la cave à bière (qui n'est pas une entrée de galerie de mine !).


Grube Warndt / Karlsbrunn

Le carreau principal de la mine Warndt à Karlsbrunn est dominé par le tour d'extraction en béton armée haute de 70m du puits Wardnt. Ce puits était utilisé pour l'extraction, mais aussi pour la descente du personnel et du matériel. Le secteur minier du Warndt fut combiné au secteur de Velsen et l'extraction y démarra en 1963. En 1992 la mine Warndt est fusionnée avec la mine de Luisenthal en donnant naissance à la mine Warndt/Luisenthal qui poursuivit l'extraction du charbon jusqu'en 2005. En 1996, un tunnel est creusé entre l'Allemagne et la France pour évacuer les schistes de la mine Warndt/Luisenthal vers la carrière de Freyming.
Aujourd'hui les installations de Karlsbrunn sont partiellement démantelées. Le carreau du puits de Lauterbach (servant à l'aérage de la mine Warndt) a été rasé. Dans le secteur il est encore possible de voir le puits Saint-Charles 4 foncé par les Houillères de Bassin de Lorraine (HBL) à partir de 1948 pour exploiter le champ amodié du Warndt. Il est surmonté d'un chevalement BBT identique à celui du puits Merlebach-Nord. Sa machine d'extraction de 1070 kW à poulie Koepe monocâble fut contruite en 1948 par Alsthom. Puits de service et d'aérage, il est opérationnel en 1952, puis cédé aux Saarbergwerke en janvier 1962 et rattaché à la mine Warndt jusqu'à son abandon en 2003.

Puits Warndt



Puits Saint-Charles 4



Autres vestiges

Quelques photos d'autres vestiges de l'exploitation minière en Sarre, comme de belles entrées de mines à flanc de coteau ou de tunnels pour le transport du charbon.


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