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Bolivie : les mines de Potosí


La ville de Potosí est située en Bolivie à 4070 mètres au-dessus du niveau de la mer ce qui en fait une des villes les plus hautes du monde. Elle fut fondée en 1545 pour exploiter le filon d'argent du Cerro Rico, montagne qui domine la ville. Rapidement ce filon s'est avéré être un des plus importants de la planète ; le minerai extrait y était si riche qu'il ne nécessitait pas de traitement. Pour sortir tout cet argent de la montagne, les Espagnols mirent au travail forcé les Indiens et pillèrent durant des décennies cette richesse locale : on dit que la quantité d'argent extraite des mines de Potosi suffirait à paver une route à deux voie entre Potosí et Madrid. Cependant des millions de mineurs y ont laissé la vie à cause de problèmes respiratoires dus à la poussière dans les mines ou aux éboulements. Au début du XIXè siècle, les principales veines d'argent étaient épuisées et les mines ont été abandonnées. A la fin de ce même siècle, l'exploitation a repris progressivement avec de nouveaux minerais, notamment le minerai d'étain. Après la révolution de 1952, les mines ont été nationalisées et exploitée par la COMIBOL, une Société detenue par l'Etat. Dans les années 1990, la plupart des mines d'Etat furent fermées, mais une bonne partie ont été réouvertes sous la forme de coopératives, un système toujours en place aujourd'hui dans les dizaines de mines encore en activité, exploitant l'un ou l'autre minerai selon les prix du marché.

Lors d'un voyage en Amérique Latine, j'ai pu découvrir une de ces mines, me plongeant dans un univers proche de Germinal, où l'on est plus souvent courbé que debout. Le minerai est extrait au pic et au marteau, ou à l'aide d'explosifs (mélange de dynamite et de nitrate d'ammonium) et en utilisant des perforatrices à air comprimé. Il est alors transporté dans des berlines pesant jusqu'à 2 tonnes poussées et tirées ... par des hommes, sur de pseudo rails. Les différents niveaux de la mine sont reliés entre eux par de minuscules boyaux dans lesquels les mineurs remontent sur leur dos des sacs chargés de 30 à 40 kg de minerai. Tout ce travail est effectué dans une atmosphère chargée de poussières d'arsenic, de silice, d'amiante, de vapeurs d'acétylène, d'explosifs... L'oxydation des minerais dégagés entraîne aussi une augmentation de la température dans les galeries, jusqu'à 45°C dans les niveaux inférieurs.
En complément de la découverte de la mine, j'ai pu visiter une usine de traitement du minerai (les 'ingenios'), qui permet de séparer les minéraux riches en métaux de la gangue de terre stérile. Après un fin broyage, le minerai est enrichi en utilisant une technique appelée flottation : il est mélangé à de l'eau et divers réactifs chimiques sont ajoutés. Puis, dans les cellules de flottation, la pulpe minérale est mise en agitation et de l'air est injecté. Les mousses ainsi formées, chargées en particules minérales, sont récupérées par un système d'écumoire. Le concentré obtenu est alors séché, conditionné et exporté vers l'étranger où il est raffiné et fondu. Tout le profit de ces mines boliviennes part donc à l'étranger et ne rapporte pas grand chose au pays et à ses mineurs.

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