Les mines de fer du Canigou
08/09/2024
Le massif du Canigou, situé dans le département des Pyrénées Orientales, possède d'importants gisements de fer. Il est donc lié depuis l'Antiquité jusqu'à la fin du XXe siècle, à l'exploitation du minerai de fer et à la métallurgie. Les premiers habitants du massif récupéraient le minerai de fer pour le traiter, mais la méthode utilisée était très rudimentaire. Ce sont les romains, à partir de -100, qui commencèrent réellement à exploiter les mines et créèrent des forges sur le lieu de l'extraction.
Plus tard, tous les villages autours du Canigou vont reprendre les anciennes mines des romains et en ouvrir d'autres. Sur le versant nord du Canigou, les mines se trouvaient du côté de Sahorre, Fuilla, Corneilla-de-Conflent, mais surtout à Baillestavy (mine de la Coume). Plus au sud, la plus grosse mine était à Batère, à plus de 1500 mètres d'altitude. Toutes ces mines entraînèrent la multiplication de forges dont le style était identique, appelées «Forges Catalanes». Elles fonctionnaient grâce à la force hydraulique.
L'extraction du minerai de fer du Canigou cessa en 1987 avec l'arrêt de l'exploitation de la mine de Batère.
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Concession de Batère / Las Indis
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Le gisement de sidérite et d'hématite (minerais de fer) de Batère est situé sur la commune de Corsavy au nord d'Arles-sur-Tech. Les travaux miniers sont étagés entre 1200 et 1600 mètres d'altitude, dans la partie est du massif du Canigou. Ce gisement fut le plus important de la région et il fut exploité de manière artisanale depuis l'Antiquité. Les premières demandes de concession furent déposées et accordées dès le XVIe siècle.
Au XIXe siècle, toute la montagne était couverte de concessions et était truffée de galeries. L'année 1830 marque le début d'une extraction un peu plus rationnelle. Mais la production était toujours évacuée à dos d'homme ou de mulet vers les forges hydrauliques du Vallespir. La principale concession existante en 1932 était celles des mines de Las Indis et de Rocques Nègres. Jusqu'en 1900, année de mise en service du transporteur aérien reliant Batère à Arles-sur-Tech (où furent installés deux gros fours de grillage en 1915 en remplacement du celui du niveau 1530), on peut considérer que les méthodes d'exploitations sont restées assez artisanales.
Entre 1916 et 1918, les diverses concessions furent réunies en une seule qui porta le nom de Las Indis, plus connue sous le nom de «mines de Batère». La «Société des Mines de Batère» (SAB) qui allait exploiter le gisement pendant près d'un siècle, fut créée en 1898 par M. Monin. A partir de 1940, avec une production annuelle de 75 000 tonnes, la SAB est passée sous le contrôle financier de diverses sociétés. En 1953, de nouveaux bâtiments sont construits au niveau 1450, avec cantine et école. En 1977, ces locaux furent abandonnés, rapidement saccagés, puis transformés en gîte de montagne. La SAB déposa le bilan le 8 juin 1987. La rentabilité des mines de Batère était alors jugée insuffisante, malgré la bonne qualité du minerai, en raison de l'éloignement des industries utilisatrices. L'activité se poursuivit malgré tout jusqu'au 1er décembre 1987, date à laquelle une SARL dénommée «Mines de Batère» fut créée afin de liquider les stocks de minerai encore sur place jusqu'à la fin de l'année 1994.
A partir de 1900, le gisement était exploité par la méthode des tranches montantes remblayées, puis à partir de 1946 par la méthode des chambres-magasins, enfin par la technique d'exploitation par sous-niveaux à partir de 1968. Un travers-banc servant de galerie de base de 1200 mètres de longueur fut creusé à 1167 mètres d'altitude. Il servait à la sortie du minerai qui était acheminé par camion vers l'entrée Pont-Abri à 1276 mètres d'altitude, d'où partait le transporteur aérien vers les fours à griller d'Arles-sur-Tech. Le minerai grillé était essentiellement envoyé vers les hauts-fourneaux de Decazeville. Les stocks résiduels exploités après la fermeture de la mine étaient vendus à la Cogéma à Lodève qui utilisait la sidérite dans le traitement des minerais d'uranium.
Source : Le Règne Minéral n°24
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Mine des Manerots
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Je n'ai pas pu retrouver de données historiques précises sur cette mine située sur le versant nord du Puig de l'Estelle. Le minerai était apparemment exploité à ciel ouvert, puis grillé dans un four sur le site d'extraction. Le minerai grillé était alors remonté par un plan incliné jusqu'à la voie de chemin de fer Rapaloum-Formentera. De la gare de Formentera, il était évacué par un câble aérien vers les forges de la vallée entre Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains.
Le site minier est bien dissimulé dans la forêt mais on peut encore y voir le superbe four à griller en très bon état ainsi que de nombreux vestiges de berlines, treuils... En haut du plan incliné, au niveau de l'ancienne voie ferrée, on trouve les chariots porteurs qui étaient utilisés pour remonter le minerai.
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Concession de la Pinouse
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Située à 1360 mètres d'altitude, la mine de la Pinouse se trouve sur la commune de Valmanya. L'extraction du fer sur ce site date de l'époque romaine, mais il fut exploité essentiellement entre 1904 et mars 1931. A cette époque une centaine de mineurs y travaillait. La mine était à la fois à ciel ouvert et souterraine et produisait environ 40 000 tonnes de minerai par an. Le site était composé de nombreuses installations : logements, trémies de stockage, transformateur, canal d'alimentation en eau... Le minerai était transporté par un câble aérien long de 1300 mètres jusqu'à la gare de Rapaloum. Un chemin de fer à voie étroite long de 12,5 km permettait alors l'évacuation du minerai vers la gare de Formentera où se trouvaient le four à griller. Cette ligne de chemin de fer, mise en service en 1907, servait également pour transporter le minerai extrait des sites de Roquegabère et des Manerots. Depuis la gare de Formentera, un second câble aérien long de 4500 mètres descendait le minerai vers les forges de la vallée.
De nouveaux travaux furent réalisés dans le secteur à partir des années 60. Les matériaux extraits étaient évacués
par le TB 1276 débouchant au jour sur le versant sud dans la concession de Las Indis, exploitée par Société des Mines de Batère.
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Gare de Formentera
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La gare de Formentera est construite en 1906 et 1907 dans le cadre de la modernisation des mines du versant septentrional de la montagne de Batère. Elle constituait le terminus d'une ligne ferroviaire à voie étroite de 12 km et permettait de descendre le minerai vers la gare de la Petite Provence à Amélie-les-Bains via un câble aérien.
Le minerai des mines de la Pinouse était évacué par cette voie ferrée, depuis la station de Rapaloum, en passant par le site des Manérots où du minerai était également chargé.
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Usine de traitement du minerai d'Arles-sur-Tech
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C'est sur ce site, situé à Arles-sur-Tech, qu'était traité le minerai de fer provenant des mines alentours, notamment celle de Batère. Le minerai était trié et subissait un traitement par grillage dans des fours à cuve. Par ce procédé, le carbonate de fer est transformé en oxyde par élimination du CO2. Cette opération de grillage est favorisée par l'adjonction de charbon à raison de 10 kg/tonne et activé par de l'air soufflé par un ventilateur. La capacité journalière des fours était de 200-240 tonnes, ce qui correspondait à un enfournement de 300-340 tonnes de sidérite.
L'essentiel de la production était destinée aux Ateliers et usines métallurgiques de Decazeville où celle-ci était traitée dans les hauts-fourneaux puis transformée en billes d'acier. La société Vallourec en faisait des tubes d'acier sans soudure. 20% de la production était également traitée par Usinor à Fos-sur-Mer.
Source : Le Règne Minéral n°24
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Four de Taulis
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Ce petit four à griller situé sur la commune de Taulis dans le Haut Vallespir recevait le minerai de fer des mines des environs au début du 20ème siècle.
De taille modeste (hauteur 5 mètres), il est doublé à l'intérieur de briques de terre cuite réfractaires. L'extérieur est cerclé par des bandeaux de fer pour éviter que le mur ne se fissure sous l'effet de la chaleur.
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Tambour de Sahorre
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Implanté sur le carreau minier dit du Sénégal, le «tambour de Sahorre» était un dispositif qui permettait de réguler le va-et-vient des wagonnets de minerai le long d'un plan incliné automoteur (plan incliné de la Toune). Il fut construit en 1901 ; l'exploitation du gite de la Toune a cessé en 1932.
Le minerai extrait des mines de Sahorre était descendu par plusieurs plans inclinés de ce type vers la ligne du chemin de fer minier qui desservait les fours à griller de Corneilla, puis les hauts-fourneaux de Ria dans la vallée de la Têt.
A côté de l'abri maçonné du tambour avait été construit un bureau, un atelier avec forge et menuiserie, ainsi qu'un transformateur électrique. La mine de fer de Sahorre fut exploitée jusqu'en 1962, date de la fermeture définitive de la plupart des mines de fer du Conflent.
Le bâtiment qui abrite le tambour fut réhabilité en 1996 dans le cadre du projet de la Route du Fer du Canigó.
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Site minier du Salver--------------------------
Les mines de fer de Taurinya ont été exploitées depuis l'Antiquité. L'exploitation des affleurements continue durant le Moyen-Age, sous la direction l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, propriétaire d'un immense patrimoine métallurgique. Nationalisées après la Révolution française, ces mines sont attribuées en 1803 au maître de forges Raymond Rivals. Les mines du Salver sont alors rassemblées dans la concession de Fillols-Taurinya, la plus grande concession minière du département des Pyrénées-Orientales, alimentant d'abord les forges de Monfort et Gincla (Aude) puis les hauts-fourneaux de Ria et de La Nouvelle.
Suite à l'ouverture de la ligne de chemin de fer Perpignan-Prades, la Société anonyme des mines de Fillols-Taurinya met en place en 1879 un système de traînage mécanique permettant d'évacuer le minerai depuis le Salver jusqu'à la gare de Prades. Après cette période de grande activité, l'exploitation est fermée en 1928 et le personnel transféré au secteur de Fillols. Ce n'est qu'en 1958 que l'exploitation est reprise, suite à des travaux de prospection entamés en 1952 par la Société Denain-Anzin. Cette deuxième période d'exploitation comporte un réaménagement complet du site minier. Les travaux se poursuivent jusqu'en 1962, date de l'arrêt définitif de toute activité minière à Taurinya.
A la fin des années 1990, l'association Vall de Cuixà a mené la valorisation du site. Le long d'un parcours de découverte, on peut découvrir une grande trémie, l'entrée de la galerie 703 et le plan incliné utilisé entre 1879 et 1928 pour descendre le minerai du carreau de la mine (niveau 740) jusqu'au bord du torrent de Vall Panera (niveau 645), où se trouvait le départ du traînage mécanique vers la gare de Prades.
Deux fours à griller sont conservés. Le plus ancien, fut construit en 1887 au niveau 727. Le second four fut érigé au début du 20e siècle au niveau 740.
Source : Le site minier du Salver
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Fours de Rebolledes
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Ces deux fours à griller le minerai de fer, quasiment identiques, sont situés sur la commune de Baillestavy dans la vallée de la Llentillà. Ils ont été érigés vers 1910 par la Compagnie des Mines de Fer et de Manganèse de Masseguin (Lozère), substituée en 1911 par la Compagnie des Mines, Fonderies et Forges d'Alès (Gard).
Ils recevaient le minerai des mines de Rebolledes, situées de l'autre côté de la vallée de la Llentillà, à l'aide de transporteurs aériens. La capacité de grillage était d'une vingtaine de tonnes de minerai carbonaté par jour. Une fois grillé, le minerai était acheminé par charrettes jusqu'à la gare de Vinça, d'où il était expédié vers les hauts-fourneaux du Gard.
Les mines auront été actives au début du 20ème siècle. La crise de la métallurgie qui débute en 1918 entraine la fermeture des mines de Rebolledes car le prix du minerai est évalué au triple du minerai lorrain. La concession est abandonnée et démantelée entre 1933 et 1935.
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Mine de spath-fluor d'Escaro
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Le village d'Escaro fut longtemps réputé pour son minerai de fer. A l'occasion de travaux de reconnaissance pour le fer, un important filon de fluorite (ou spath-fluor) est découvert au milieu des années 50 sur le site du Pla de Gante.
La société Denain-Anzin commence à exploiter de façon intensive en mine à ciel ouvert ce minerai à partir de 1961 (au début de la fermeture progressive des mines de fer) jusqu'en 1993. Dans les années 80, le gisement d'Escaro était considéré comme l'un des plus importants d'Europe. Le spath-fluor était utilisé notamment comme fondant dans la fabrication de l'acier et comme matière première pour la chimie du fluor.
En 1974, l'extension de la zone d'exploitation à ciel ouvert eut pour conséquence l'expropriation des habitants du hameau d'Escaro-nord et la destruction de leurs maisons.
Le minerai était transporté par un câble aérien de 1800 mètres de long jusqu'à la Bastide d'Olette dans la vallée de la Têt, où, se trouvait l'usine de transformation (flottation) de la société Comifluor. Le spath chimique obtenu après traitement était expédié, par la route ou par le rail, à l'usine de Salindres (Gard) appartenant au groupe Péchiney. La station supérieure du câble aérien a été préservée et peut-être facilement visitée.
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Transbordeur aérien de la Farga
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Bien qu'il ne s'agisse pas d'un vestige minier, et de plus hors du massif du Canigou, il m'a semblé intéressant de présenter quelques images de ce système, similaire à ceux que l'on pouvait trouver pour le transport du minerai.
Le transbordeur de la Farga est un circuit aérien automoteur d'environ 3600 m de long qui convoyait le bois de hêtre des zones d'exploitation sur les hauteurs du massif des Albères vers la Vallée Heureuse sur la commune de Sorède. Construit en 1935 par un ingénieur russe, il fut arrêté en 1956.
A l'exception de la station inférieure qui a disparu, de très nombreux pylônes supportant encore le câble sont visibles, tout comme la station supérieure et son système de freinage.
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