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Les mines de fer du Canigou


Le massif du Canigou, situé dans le département des Pyrénées Orientales, possède d'importants gisements de fer. Il est donc lié depuis l'Antiquité jusqu’à la fin du XXe siècle, à l'exploitation du minerai de fer et à la métallurgie. Les premiers habitants du massif récupéraient le minerai de fer pour le traiter, mais la méthode utilisée était très rudimentaire. Ce sont les romains, à partir de -100, qui commencèrent réellement à exploiter les mines et créèrent des forges sur le lieu de l'extraction.
Plus tard, tous les villages autours du Canigou vont reprendre les anciennes mines des romains et en ouvrir d'autres. Sur le versant nord du Canigou, les mines se trouvaient du côté de Sahorre, Fuilla, Corneilla-de-Conflent, mais surtout à Baillestavy (mine de la Coume). Plus au sud, la plus grosse mine était à Batère, à plus de 1500 mètres d'altitude. Toutes ces mines entraînèrent la multiplication de forges dont le style était identique, appelées «Forges Catalanes». Elles fonctionnaient grâce à la force hydraulique.
L'extraction du minerai de fer du Canigou cessa en 1987 avec l'arrêt de l'exploitation de la mine de Batère.

Concession de Batère / Las Indis

Le gisement de sidérite et d'hématite (minerais de fer) de Batère est situé sur la commune de Corsavy au nord d'Arles-sur-Tech. Les travaux miniers sont étagés entre 1200 et 1600 mètres d'altitude, dans la partie est du massif du Canigou. Ce gisement fut le plus important de la région et il fut exploité de manière artisanale depuis l'Antiquité. Les premières demandes de concession furent déposées et accordées dès le XVIe siècle.
Au XIXe siècle, toute la montagne était couverte de concessions et était truffée de galeries. L'année 1830 marque le début d'une extraction un peu plus rationnelle. Mais la production était toujours évacuée à dos d'homme ou de mulet vers les forges hydrauliques du Vallespir. La principale concession existante en 1932 était celles des mines de Las Indis et de Rocques Nègres. Jusqu'en 1900, année de mise en service du transporteur aérien reliant Batère à Arles-sur-Tech (où furent installés deux gros fours de grillage en 1915 en remplacement du celui du niveau 1530), on peut considérer que les méthodes d'exploitations sont restées assez artisanales.
Entre 1916 et 1918, les diverses concessions furent réunies en une seule qui porta le nom de Las Indis, plus connue sous le nom de «mines de Batère». La «Société des Mines de Batère» (SAB) qui allait exploiter le gisement pendant près d'un siècle, fut créée en 1898 par M. Monin. A partir de 1940, avec une production annuelle de 75 000 tonnes, la SAB est passée sous le contrôle financier de diverses sociétés. En 1953, de nouveaux bâtiments sont construits au niveau 1450, avec cantine et école. En 1977, ces locaux furent abandonnés, rapidement saccagés, puis transformés en gîte de montagne. La SAB déposa le bilan le 8 juin 1987. La rentabilité des mines de Batère était alors jugée insuffisante, malgré la bonne qualité du minerai, en raison de l'éloignement des industries utilisatrices. L'activité se poursuivit malgré tout jusqu'au 1er décembre 1987, date à laquelle une SARL dénommée «Mines de Batère» fut créée afin de liquider les stocks de minerai encore sur place jusqu'à la fin de l'année 1994.

A partir de 1900, le gisement était exploité par la méthode des tranches montantes remblayées, puis à partir de 1946 par la méthode des chambres-magasins, enfin par la technique d'exploitation par sous-niveaux à partir de 1968. Un travers-banc servant de galerie de base de 1200 mètres de longueur fut creusé à 1167 mètres d'altitude. Il servait à la sortie du minerai qui était acheminé par camion vers l'entrée Pont-Abri à 1276 mètres d'altitude, d'où partait le transporteur aérien vers les fours à griller d'Arles-sur-Tech. Le minerai grillé était essentiellement envoyé vers les hauts-fourneaux de Decazeville. Les stocks résiduels exploités après la fermeture de la mine étaient vendus à la Cogéma à Lodève qui utilisait la sidérite dans le traitement des minerais d'uranium.

Source : Le Règne Minéral n°24


Mine des Manerots

Je n'ai pas pu retrouver de données historiques précises sur cette mine située sur le versant nord du Puig de l'Estelle. Le minerai était apparemment exploité à ciel ouvert, puis grillé dans un four sur le site d'extraction. Le minerai grillé était alors remonté par un plan incliné jusqu'à la voie de chemin de fer Rapaloum-Formentera. De la gare de Formentera, il était évacué par un câble aérien vers les forges de la vallée entre Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains.
Le site minier est bien dissimulé dans la forêt mais on peut encore y voir le superbe four à griller en très bon état ainsi que de nombreux vestiges de berlines, treuils... En haut du plan incliné, au niveau de l'ancienne voie ferrée, on trouve les skips qui étaient utilisés pour remonter le minerai.


Concession de la Pinouse

Située à 1360 mètres d'altitude, la mine de la Pinouse se trouve sur la commune de Valmanya. L'extraction du fer sur ce site date de l'époque romaine, mais il fut exploité essentiellement entre 1904 et mars 1931. A cette époque une centaine de mineurs y travaillait. La mine était à la fois à ciel ouvert et souterraine et produisait environ 40 000 tonnes de minerai par an. Le site était composé de nombreuses installations : logements, trémies de stockage, transformateur, canal d'alimentation en eau... Le minerai était transporté par un câble aérien long de 1300 mètres jusqu'à la gare de Rapaloum. Un chemin de fer à voie étroite long de 12,5 km permettait alors l'évacuation du minerai vers la gare de Formentera où se trouvaient le four à griller. Cette ligne de chemin de fer, mise en service en 1907, servait également pour transporter le minerai extrait des sites de Roquegabère et des Manerots. Depuis la gare de Formentera, un second câble aérien long de 4500 mètres descendait le minerai vers les forges de la vallée.
De nouveaux travaux furent réalisés dans le secteur à partir des années 60. Les matériaux extraits étaient évacués par le TB 1276 débouchant au jour sur le versant sud dans la concession de Las Indis, exploitée par Société des Mines de Batère.


Usine de traitement du minerai d'Arles-sur-Tech

C'est sur ce site, situé à Arles-sur-Tech, qu'était traité le minerai de fer provenant des mines alentours, notamment celle de Batère. Le minerai était trié et subissait un traitement par grillage dans des fours à cuve. Par ce procédé, le carbonate de fer est transformé en oxyde par élimination du CO2. Cette opération de grillage est favorisé par l'adjonction de charbon à raison de 10 kg/tonne et activé par de l'air soufflé par un ventilateur. La capacité journalière des fours était de 200-240 tonnes, ce qui correspondait à un enfournement de 300-340 tonnes de sidérite.
L'essentiel de la production était destinée aux Ateliers et usines métallurgiques de Decazeville où celle-ci était traitée dans les hauts-fourneaux puis transformée en billes d'acier. La société Vallourec en faisait des tubes d'acier sans soudure. 20% de la production était également traitée par Usinor à Fosse-sur-Mer.
Source : Le Règne Minéral n°24


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