La mine de Monte Sinni fut la dernière mine de charbon active en Italie. Elle fut créée en 1976 par la société publique Carbosulcis en fusionnant les mines Nuraxi Figus et Seruci.
La construction de la mine Nuraxi Figus est lancée dans les années 1930 par la Societá Mineraria Carbonifera Sarda. Elle s'appelait alors 'Littoria Prima' ou 'Littoria I'. Dans les années 1980, les sièges de Nuraxi Figus et Seruci sont reliés par le fond. Lors de ma visite en octobre 2017, l'activité extractive avait déjà cessée. Les travaux souterrains étaient en cours de démantèlement et de préparation pour des projets scientifiques (projet Aria).
Les installations jour
Les installations jour du siège de Nuraxi Figus sont vastes (le lavoir est situé à plus de 500 mètres des puits 1/2). L'accès aux travaux souterrains se fait par 2 puits, utilisés à la fois pour la ventilation et le transport du matériel et du personnel, ainsi que par une descenderie routière de 3 km composée de trois segments. Le charbon était remonté au jour par un grand convoyeur à bande suspendu au toit de la descenderie.
Machines d'extraction
Les puits 1 et 2 sont équipés de machines d'extraction électriques GHH/ASEA à tambour. Elles sont installées dans un même bâtiment situé entre les 2 puits.
Le lavoir
Le siège de Nuraxi Figus possède un lavoir moderne datant du début des années 90. Le charbon extrait par les 2 sièges y était traité par différentes techniques : liqueur dense (Drew-Boy), hydrocyclone, spirales de concentration, flottation... J'ai été particulièrement surpris par la propreté des lieux, les lavoirs étant habituellement très sombres, noircis par les poussières de charbon.
Lampisterie et recette jour
Le puits 1 est utilisé pour la descente du personnel et du matériel. La lampisterie est située à proximité immédiate de la recette jour du puits. Les mineurs pouvaient accéder simultanément aux trois étages de la cage.
Les travaux souterrains se développent environ 400 mètres sous le niveau de la mer (500 mètres sous le niveau du sol). Nous avons rejoint le fond par le puits Nuraxi Figus 1. Les galeries les plus modernes ont été tracées au mineur continu. Le soutènement est assuré par boulonnage. Malheureusement lors de ma visite, la longue taille (extraction du charbon par havage intégral) n'était plus accessible. Avant de remonter au jour par la grande descenderie routière, nous avons pu parcourir quelques galeries anciennes dans le secteur des puits Seruci 1/2.
Le siège de Seruci est situé dans la partie nord de la concession minière 'Monte Sinni', à environ 1,5 km à vol d'oiseau de la côte et environ 3,5 km au nord-ouest du siège de Nuraxi Figus. L'exploitation minière du site de Seruci a été lancée à la fin des années 1950 par la Societá Mineraria Carbonifera Sarda (MCS), qui a conçu et géré l'activité minière avec des méthodes jugées à la pointe à l'époque. La mine de Seruci, alors principal site minier du bassin du Sulcis, était l'une des mines les plus avancées et les plus modernes d'Europe.
Au milieu des années 60, suite à la nationalisation du secteur électrique, MCS a vendu toutes ses mines du bassin de Sulcis à Enel. En pleine crise du secteur, Enel a suspendu en 1972 toute la production dans la région de Sulcis et, au milieu des années 70, s'est définitivement désengagée du secteur des mines de charbon.
La mine est restée inactive pendant 16 ans, jusqu'en 1988, année au cours de laquelle, après une série de changements de propriété, la production a été relancée par une nouvelle société à capital régional, Carbosulcis, qui a repris l'ensemble de l'activité minière de Sulcis. Les mines de Nuraxi Figus et Seruci sont fusionnées et reliées par le fond pour former la mine de Monte Sinni. Enfin, en 1992, le lavoir du siège de Seruci est démantelé et le charbon extrait au fond est transféré et traité dans le nouveau lavoir du siège de Nuraxi Figus.
Le site minier en surface couvre un total d'environ 40 hectares, dont 10,5 sont occupés par les installations industielles. Le reste était principalement utilisé pour le stockage des déchets miniers (stériles) grossiers et fins provenant du lavoir. Le site de Seruci a été retenu pour le projet Aria qui consiste en l'installation d'une tour de distillation cryogénique haute de 350 mètres dans le puits Seruci 1. Elle permettra de produire des isotopes stables comme l'argon 40 pour des programmes de recherche sur la matière noire, ou bien encore des isotopes d'intérêt commercial comme le carbone 13, l'azote 15 ou l'oxygène 18.
Je n'ai pas eu l'occasion de visiter le site, mais les chevalements des puits 1 et 2 sont bien visibles de l'extérieur.
Outre les 4 puits principaux situés sur les sièges de Nuraxi Figus et Seruci, de petits puits auxiliaires équipés de ventilateurs, étaient utilisés pour l'aérage des travaux souterrains : puits Maiorchina (non photographié), puits Torreta et puits Nuraghe.
Puits Torreta
Puits Nuraghe
Dans les années 1936-37, la Societá Mineraria Carbonifera Sarda mène dans le bassin houiller du Sulcis une intense campagne de prospection minière. C'est ainsi qu'est découvert un vaste gisement de charbon au sud de la mine de Sirai (active depuis 1918). A l'ouest de cette zone est construite par le régime fasciste de l'époque la ville de Carbonia. Une concession est sollicitée en 1937 sous le nom de Serbariu ; elle sera accordée le 18 janvier 1939. Les travaux de construction de la mine commencent immédiatement et les premiers puits sont foncés.
Dans les années 1950, suite à l'entrée de l'Italie dans la CECA, les mines sont réorganisées avec de nombreuses fermetures et le déplacement de l'activité vers le centre du bassin. La nouvelle mine de Seruci est ainsi construite. Au cours de la décennie 1947-1957, le nombre de travailleurs passe de 14 000 à 5 000. Cette période est caractérisée par de grandes grèves pour maintenir l'emploi. La mine de Serbariu est restée active jusqu'en 1964. En 1965, les derniers mineurs sont embauchés par Enel, la concession minière est abandonnée et les bâtiments sont transférés à la région sarde, puis ils seront revendus à MCS.
La mine de Serbariu est officiellement fermée en 1971. Depuis, les installations industrielles sont tombées en ruine sous l'effet de nombreux pillages et dégradations. Les autorités municipales interviennent alors pour acquérir les vestiges et sauver de la démolitions les chevalements. Elles rachètent le site en 1991 et des travaux de restauration sont lancés en 2002 conduisant à l'inauguration le 3 novembre 2006 dumusée de la mine.
Plusieurs installations ont été préservées, dont les chevalements des puits 1 et 2 et leurs bâtiments des machines d'extraction. Seule la machine du puits 1 est encore visible, bien que dégradée.
Machine d'extraction du puits 1
Cette mine est située au sud-ouest du village de Gonnesa et s'étend sur 519 hectares. La concession est octroyée à la société Timon-Varsi en 1853, puis achetée par la société Monteponi en 1895. En 1932, une nouvelle concession réunit la mine de Terras Collu avec celle de Culmine, concédée à Monteponi en 1889. Le charbon extrait est destiné aux fours de la fonderie de plomb, à la calcination de la calamine et à la production de force motrice. Par la suite, la société a tenté d'augmenter la production de charbon pour alimenter la centrale thermoélectrique de Porto Vesme qui, en 1927, était passée de la Societá Elettrica Sarda à Monteponi.
En 1927 débute le fonçage d'un puits appelé Sartori, à une altitude de 114 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le creusement de ce puits, suspendu en 1928 et repris en 1935, est achevé en 1938. Le puits est entièrement maçonné et équipé de cages. Il sera ravalé en 1950 jusqu'à une profondeur de 5 mètres sous le niveau de la mer. Le charbon brut était lavé dans une usine gravimétrique capable de traiter 300 tonnes par jour. Les silos à charbon étaient reliés au chemin de fer privé Monteponi-Porto Vesme. En 1950, la mine de Terras Collu produisait 36 000 tonnes de charbon lavé et employait 330 travailleurs.
Les installations du puits Sartori sont encore visibles de nos jours au milieu d'une exploitation agricole.
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