Visible de loin, le lavoir apparaît telle une immense cathédrale industrielle. Les installations se répartissent sur un périmètre de 32 ha sur plusieurs niveaux, pour une emprise au sol de 8 000 m². Le bâtiment principal se compose d'une structure porteuse en béton armé qui forme les deux premiers niveaux (circulation et stockage). Au-dessus s'élève le niveau de traitement du minerai, constitué d'une structure à pans de fer, divisée en quatre volumes de hauteurs différentes. L'ensemble du bâtiment est couvert de sheds, à l'exception des travées centrales du bâtiment, surélevées dans les années 1950 pour l'installation d'un pont roulant, et couvertes d'un toit à longs pans. Cette surélévation ainsi que quelques extensions contemporaines ont été réalisées en parpaings fabriqués à partir de résidu industriel de la centrale thermique. Les bureaux et douches ont été construits en 1931 et incluent la toute dernière 'salle des pendus' du bassin minier.
Le charbon brut provenant des différents sites d'extraction du bassin était transporté par des wagons trémies jusqu'au lavoir. Une fois arrivés dans la zone de réception, les wagons étaient manoeuvrés par des treuils et vidés par le dessous. Le charbon était repris par des convoyeurs à bande et transporté dans un bâtiment annexe du lavoir contenant des broyeurs. Ils étaient destinés à concasser les plus gros morceaux de charbon avant lavage.
Les différentes qualités de charbon étaient réceptionnées dans un bâtiment dit des 'verses' et dirigées vers la ligne de traitement adaptée. Les produits bruts étaient pris en charge par des élévateurs à godets (appelés norias), placés en tête des lignes de préparation du charbon. Ils élevaient à plus de 18 mètres au-dessus de son point de réception le charbon sommairement criblé au préalable. Au nombre de 8, ces élévateurs à godets ont été mis en place entre 1926 et 1930. Il s'agit de l'un des rares équipements d'origine encore en service à la fermeture du lavoir.
Le 'Drew Boy' est une ligne de traitement des produits bruts permettant une séparation du charbon et des schistes. Les produits bruts sont immergés dans une liqueur dense (eau + magnétite). D'une densité inférieure à celle de cette liqueur, le charbon flotte. Il est repris en surface alors que les pierres, schistes et 'mixtes' (charbons et résidus pierreux agglomérés) sont piégés en fond de cuve et récupérés par système rotatif équipé de casiers égoutteurs. Les mixtes sont ensuite séparés des schistes selon le même procédé.
Les cribles Vibro-cling, constitués d'un châssis métallique et d'une grille en plastique, réalisaient un premier criblage dissociant par granulométrie les charbons supérieurs et inférieurs à 7 mm. Les cribles Robins, constitués d'un châssis et de grilles métalliques, recevaient les charbons supérieurs à 7 mm de granulométrie extraits par les cribles Vibro-Cling, et les soumettaient à un nouveau tri selon les mêmes critères. Ces deux ensembles de cribles furent installés entre 1951 et 1955 lors du rééquipement des lignes de préparation du charbon.
Les tambours Wemco servaient à trier le charbon brut de granulosité supérieure à 7 mm issu des cribles Robins en schistes, mixtes et charbon dit de premier choix. Ils sont divisés en deux compartiments. Dans le premier est disposée une liqueur dense constituée de magnétite (oxyde de fer) en suspension
dans l'eau dosée pour obtenir une densité de 1,38. Les matériaux les plus légers, les charbons dits de premier choix, sont évacués vers un crible.
Les matériaux les plus lourds, dits plongeants, sont versés dans le deuxième compartiment rempli d'une liqueur dense de densité supérieure (1,98).
Les mixtes et schistes sont ainsi séparés et dirigés vers un crible à deux compartiments. Au tambour sont annexées des machines à séparer la magnétite
de l'eau (par magnétisme) en vue de son réemploi (circuit fermé). Les tambours Wemco furent installés entre 1951 et 1955 pour les lignes de préparation 3 à 7.
En sortie du tambour, les produits étaient dirigés vers 2 cribles égoutteurs Allis Chalmers. Ces cribles sont constitués d'un châssis et de grilles métalliques. L'un recevait le charbon de premier choix extrait par le premier compartiment du tambour Wemco, l'autre les sous-produits (schistes et mixtes) extraits par le second compartiment du tambour. Durant cette opération de criblage, les produits étaient rincés et la liqueur dense récupérée pour en extraire la magnétite. Les cribles égoutteurs Allis Chalmers ont été utilisés depuis 1951-1955, date du rééquipement des lignes de préparation du charbon.
Un bac P.I.C. comprend cinq compartiments à lit filtrant, équipés d'un tamis garni de grains de feldspath d'une densité élevée qui font office de clapets. Les bacs (un par ligne de traitement) étaient alimentés en air comprimé par quatre turbines dites souffleurs multicellulaires (dont une de secours). Les bacs P.I.C. classent les charbons bruts de granulométrie inférieure à 7 mm en trois catégories : les lavés, les mixtes et les schistes. En 1937 et 1939, les bacs P.I.C. furent utilisés en remplacement des rhéolaveurs à grains des groupes 1 et 2. Généralisés à partir de 1947, les bacs P.I.C. ont cessé de fonctionner en janvier 1997, les fines étant directement employées par la centrale thermique de Lucy III.
Les godets de ces norias sont percés de nombreux trous, ce qui permettaient d'égoutter les produits issus des lignes de traitement tout en les remontant.
Dans cette zone du lavoir, un impressionnant réseau de convoyeurs à bande permettait de transférer les produits lavés vers des trémies de stockage, avant leur expédition par péniche ou par rail. A noter la présence d'un long convoyeur dont une extrémité est mobile et montée sur rail, pour permettre le déversement du charbon dans les différentes trémies situées en dessous.
Le lavoir était équipé d'un magasin pour les pièces de rechange et d'un atelier réalisant la maintenance de premier niveau. On y effectuait aussi la maintenance du matériel du réseau ferré desservant le lavoir. A la fermeture du site, ces locaux ont été conservés en l'état (machines-outils, stock de pièces détachées,...). Malheureusement avec le temps ils ont été fréquemment visités et vandalisés.
Le lavoir des Chavannes n'était pas dédié à un siège d'extraction, mais il était un lavoir de concentration qui traitait les produits extraits dans tout le bassin. Pour cela il possèdait son propre réseau d'acheminement par rail, qui le connectait aux puits environnants et à la ligne Montchanin / Paray-le-Monial. Ce réseau privé avait la particularité d'être à écartement standard et surtout entièrement électrifié.
Un dizaine de locomotives électriques assurait la traction :
Les locomotives électriques de type OBO, d'une puissance de 50cv et d'une vitesse maximale de 10 km/h, sont dotées de deux moteurs de 25cv. Elles sont alimentées par des accumulateurs SAFT de 220 volts. Construites entre 1926 et 1928, elles étaient destinées à la manutention des wagons (formation de rames...) sous les trémies de chargement du lavoir.
Les locomotives électriques de type BB, d'une puissance de 600cv et d'une vitesse maximale de 30 km/h, sont dotées de quatre moteurs, deux de part et d'autre de la cabine centrale. Elles sont alimentées par pantographe en courant continu d'une tension de 1500 volts. Construites en 1925 et 1926, elles étaient destinées au transport des produits entre les sites d'extraction et le lavoir.
A proximité du lavoir, alignés sur un faisceau de voies, de nombreux wagons-trémies rouillent dans l'attente de leur sort (ferrailleur...).
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