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Les mines de Bretagne

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La Bretagne a une tradition minière très ancienne : des vestiges d'exploitations antiques de cassitérite (minerai d'étain) sont connus près des côtes, en divers points de la région. Elle fut aussi l'une des premières régions productrices de plomb et d'argent en France du XVIe au XIXe siècle. On a dénombré 95 exploitations minières en Bretagne, dont plus aucune n'est actuellement en activité. On y a extrait notamment de l'uranium, du fer, de l'or, du plomb, du zinc, du tungstène, de l'étain... mais aussi des substances plus rares comme l'europium.
Les deux séries de photos ci-dessous ont été prises à l'occasion d'un séjour en Ile-et-Vilaine, dans la région de Fougères. J'espère les compléter par d'autres reportages (mines de Pont-Péan, de Trémuson, d'Huelgoat,...).

La mine de wolfram de Montbelleux - Luitré (Ille-et-Vilaine)

Sur ce site minier était principalement extrait du wolfram (minerai de tungstène) et de la cassitérite (minerai d'étain), mais on y trouvait aussi de la topaze et de l'or en très faible quantité. De 1903 à 1906, la Société Minière de Montbelleux mène ses premières recherches qui aboutirent à un début d'exploitation en 1907. Fin 1908, les travaux sont interrompus en raison de la baisse des cours du wolfram ; la mine employait alors 204 ouvriers dont 118 au fond. En 1910 est constituée la société en nom collectif Gruzard-Clolus et Courtois. En 1918, l'extraction moyenne est de 41 t par jour de minerai brut fournissant 221 kg de wolfram, Mais un incendie, survenu au lavoir, stoppe totalement l'exploitation. En juillet 1936, la Société Minière de Montbelleux est mise en déchéance.
Le 12 juin 1937, la concession est remise en exploitation et vendue à Edgar Brandt. En 1942, des travaux préparatoires sont entrepris avec la mise en place d'une ligne de chemin de fer qui relie la concession à la gare de La Selle-en-Luitré et l'établissement d'un raccordement de la mine à la ligne électrique haute tension. Cette quatrième période d'exploitation prend fin en 1944 par un sabotage et le départ des Allemands, suivi d'une période de pillage. En 1948-50, le service local des Mines fait pression sur le concessionnaire pour que l'exploitation reprenne. Après la remise en état de quelques bâtiments en 1951 et le dénoyage en 1952, la reprise est effective en 1954 avec, notamment, l'édification d'un lavoir de préconcentration. En 1957, la Société des Mines de Montbelleux s'oriente vers une activité réduite en raison d'une production insuffisante et de la baisse du cours du wolfram.
Une remontée des cours permet de 1977 à 1980 une nouvelle phase d'exploration (dénoyage et remise en état de l'ancienne mine, nombreux sondages). En 1980, est creusée une descenderie routière qui dessert les niveaux 60,95 et 130 mètres ; une laverie gravimétrique d'une capacité de 40t/h est construite la même année. Malgré diverses installations complémentaires et en raison de l'inadaptation de la méthode d'exploitation qui entraîne des effondrements, la mine cesse son activité le 9 août 1983.
Source :Notice n°IA35000695de la base Mérimée

Aujourd'hui (mi-2011) le site, propriété de la sociétéGarrot-Chaillac,est à l'abandon et fortement menacé de destruction sous la pression de la DREAL et de la préfecture. Une association s'est constituée (Mémoire de la mine de Montbelleux) et tente de préserver quelques vestiges emblématiques de cette histoire minière. Je remercie les membres de l'association, tout particulièrement son président Jean Hérisset, mais aussi Alain Planchet, ainsi que Xavier Perriot, gardien du site, pour son accueil et ses explications.


Les mines de plomb-argentifère de Brais - Vieux-Vy-sur-Couesnon (Ille-et-Vilaine)

Ouvertes en 1879, après la découverte d'un filon de plomb argentifère à Vieux-Vy-sur-Couesnon, les mines de Brais vont connaître une exploitation irrégulière pendant près d'un siècle, alternant périodes d'activité intense et longues périodes de fermeture.
Les travaux commencent en 1880 avec l'extraction de 500 tonnes de minerai brut (blende, galène et pyrite). En 1890, l'activité prend de l'ampleur grâce à la création d'une société anonyme : «Les Mines argentifères de la Touche». Un puits central est foncé, des installations industrielles et plusieurs bâtiments sont construits. Le nombre d'employés dépasse alors la centaine. Mais, en raison de difficultés rencontrées dans le traitement du minerai, les travaux sont interrompus et la société est dissoute en 1894.
Vers 1900, une seconde société relance l'exploitation. La mine connaît alors la période la plus faste de son histoire avec près de 350 employés et une production de 12000 tonnes de plomb argentifère par an. En 1903, une centrale électrique à gaz pauvre est installée dans la vallée, pour fournir l'énergie nécessaire à l'exploitation de la mine, en complément des installations existantes. Cependant, l'efficacité des laveries s'avère insuffisante pour le traitement du minerai (rendement trop faible). En 1907, la mine ferme à nouveau ses portes.
En 1927, une société minière rachète la concession. Une cité de soixante-douze logements ouvriers et de deux maisons pour chefs de poste est construite. En 1929, la mine est reliée au réseau général d'électricité de la Compagnie rennaise du Bourbonnais. Mais la crise de 1929 entraîne la faillite de l'entreprise, qui cesse son activité en 1930.
En 1941, les Allemands relancent l'exploitation des mines de Brais afin de s'approvisionner en minerais comme la pyrite, utilisée pour les besoins militaires. L'activité est confiée à la Compagnie des Mines de Bretagne. A la mine, trois équipes se succèdent 24 heures sur 24. L'exploitation se fait à l'aide de pics, de marteaux-piqueur ou d'explosifs. Le minerai brut extrait est transporté par wagonnets jusqu'aux laveries, où il est broyé, concassé, criblé, lavé et trié. Le minerai enrichi est ensuite remonté sur le plateau à l'aide d'un treuil électrique. L'exploitation s'intensifie pour répondre aux besoins des Allemands. Le nombre d'employés passe de 61 en 1942 à 115 en 1943.
Après la Libération, les mines de Brais seront encore exploitées quelques années, par la Compagnie de la Dyr, jusqu'en 1951 où des difficultés financières et une brusque venue d'eau entraîneront leur fermeture définitive.
Source :Le Petit Rapporteur

Je remercie Joël Hardy, maire de Vieux-Vy-sur-Couesnon, pour sa disponibilité et la découverte du site minier.


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