Le puits Rodolphe est le second puits créé entre 1911 et 1913 par la Société Kali Sainte-Thérèse (K.S.T.) dans le bassin potassique. Les installations du puits Rodolphe sont endommagées par la guerre et remises en état en 1919 et 1922, mais il faut attendre le fonçage d' un second puits, Rodolphe II, entre 1925 et 1927 et sa mise en route en 1929 pour voir la mine entrer réellement en exploitation. Jusqu'en 1939, le sel brut sera traité à la fabrique du puits Alex, puis une nouvelle fabrique thermique construite sur le carreau Rodolphe prendra le relai jusqu'à la fermeture de la mine en 1976. Entre 1913 et 1976, 39.62 millions de tonnes de sel brut auront été extraites.
La carreau Rodolphe représente un ensemble exceptionnel du patrimoine industriel français : on y trouve 2 chevalements (un métallique de type allemand de 1912 et un de type anglais en béton armé de 1928), mais aussi 2 machines d'extraction en parfait état (une de 1913 équipée d'une bobine combinée à une poulie Koepe et une de 1928 une équipée d'un tambour bicylindroconique). De nombreux bâtiments sont encore visibles sur le carreau : hangars de stockage du sel, hangar abritant les bacs de cristallisation, moulin, bâtiment des mélanges... Depuis 1994 les membres de l'associationGroupe Rodolphese battent pour réhabiliter et valoriser le site, préservant ainsi la mémoire et les outils des mineurs de potasse en Alsace. Je remercie tout particulièrement Jean, André et Alain pour m'avoir permis de découvrir ce site unique.
Le carreau Rodolphe entre 2009 et 2012
Le carreau Rodolphe entre 2015 et 2020
Machine d'extraction du puits Rodolphe II
Machine d'extraction du puits Rodolphe I
Les deux puits Théodore et Eugène qui formaient ce carreau ont été foncés en 1911-1912 et mis en exploitation en 1913. Ils sont la propriété du consortium allemand Wintershall-Laupenmühlen, jusqu'en 1919, date à laquelle ils ont été attribués aux MDPA. Dès 1918 le sel brut était traité dans une fabrique thermique, puis en 1960 est mise en service sur le carreau la première grande usine de traitement du minerai par flottation, d'une capacité de 1600 tonnes de K2O par jour. En 1958 est installé un nouveau système d'extraction comprenant un chevalement haut de 64 mètres construit par Barbier-Benard-Turenne et une machine d'extraction Alsthom à poulie Koepe. La mine Théodore cessa ses activités le 14 février 1986, après avoir extrait 67.74 millions de tonnes de sel brut.
Le chevalement du puits Eugène est abattu en 1992 ; en 1995 le chevalement du puits Théodore est classé Monument Historique grâce au travail del'Association pour la Sauvegarde du Chevalement Théodoreet au soutien de la Ville de Wittenheim. Après destruction du bâtiment de la recette, le chevalement a fait l'objet d'une restauration et dresse fièrement sa silhouette bleue depuis 2007. La plupart des anciens bâtiments constituant le carreau ont été réutilisés par la Société K+S dont l'activité principale est la granulation de chlorure de potassium extrait dans les mines allemandes. A noter la présence d'une jolie remise à incendie, elle aussi restaurée et classée Monument Historique. Je remercie la mairie de Wittenheim pour l'accès à la machine d'extraction.
Machine d'extraction du puits Théodore
Les deux puits Joseph et Else sont foncés en 1911 et 1912 à une profondeur d'environ 500 mètres. L'exploitation de la potasse sur ce carreau minier, alors propriété du consortium Deutsche Kali Werke, débuta en 1912, mais le déclenchement de la guerre interrompit l'activité jusqu'en 1919. Reprises par les MDPA en 1924, les installations furent modernisées et agrandies entre les deux guerres. L'exploitation de la mine Joseph-Else cessa en 1966 avec 22.20 millions de tonnes de sel brut extraites. Les 2 puits sont alors rattachés à la mine Amélie comme puits d'aérage.
Dans les années 1990 le site a été remanié et les chevalements modernisés pour les besoins d'une nouvelle société de stockage souterrain de déchets ultimes (StocaMine) dans la couche de sel gemme située 20 mètres sous le gisement de potasse. Malheureusement en 2002 un incendie au fond mis fin à ce projet, mais précipita aussi l'arrêt définitif de la mine Amélie et des MDPA. En 2021, suite au déstockage des colis contenant du mercure, est prise la décision de confiner les autres déchets derrière des barrages étanches. En attendant la fin de ce chantier qui va s'étaler sur plusieurs années, les infrastructures minières (puits, galeries, machines...) sont maintenues en état.
Outre les 2 chevalements, le carreau Joseph-Else abrite deux machines d'extraction encore en fonctionnement : la superbe machine à tambour bicylindroconique du puits Else de 1929 et celle plus récente du puits Joseph provenant de la mine d'Ungersheim. Plusieurs bâtiments en briques datant de l'entre-deux-guerres ont été restaurés et réutilisés, mais le bâtiment le plus intéressant du carreau est l'ancien vestiaire des mineurs, géré parl'association Kalivie.Je remercie René G. et lesMDPApour les différentes visites du site, ainsi que les bénévoles de l'association Kalivie présents ce jour là.
Pour une visite en images des anciens travaux au fond de la mine Joseph-Else/Amélie,cliquez ici.
Machine d'extraction du puits Joseph
Machine d'extraction du puits Else
Les vestiaires
Bien qu'amputé de son chevalement, le carreau Alex à Bollwiller présente encore de nombreux bâtiments à l'architecture caractéristique de la société minière Kali Sainte-Thérèse (KST) : bâtiment de la machine d'extraction, vestiaires, ateliers, bureaux... A Ensisheim l'imposant bâtiment de la machine d'extraction du puits I est toujours visible. A Richwiller, quelques bâtiments de la mine Max ont été préservés et réutilisés. Ce siège servit de centre de formation pour le personnel des MDPA. Il subsiste aussi quelques châteaux d'eau construits pour le besoin des mines comme à Schoenensteinbach ou celui du carreau Marie-Louise. Enfin quelques images du puits Amélie II, abattu le 8 décembre 2009, entraînant ainsi la disparition du dernier vestige de la mine Amélie à Wittelsheim.
© Sébastien Berrut 2007-2021 | Contact